Petit résumé du colloque Education de la FSU les 6 et 7 décembre à Paris
Alors que notre système éducatif est attaqué (trop de fonctionnaires, coût), critiqué (classement PISA, incapacité à réduire les inégalités scolaires…), le colloque de la FSU sur l’Education « Pour la réussite de tous les élèves » les 6 et 7 décembre 2016, a permis de dresser un état des lieux à partir des travaux des chercheurs et acteurs professionnels de l’Education (enseignants, formateurs ESPE, IGEN…), parfois bien éloignés des constats, des idées dominantes ( exemple faire augmenter le nombre d’élèves en apprentissage ) et des solutions du « c’était mieux avant ».
Excellente intervention de Nico Hirtt, enseignant chercheur belge. Les résultats des tests PISA sont à prendre pour ce qu’ils sont ; des comparaisons entre pays de cultures différentes, qui montrent que finalement les résultats de la France sont comparables à la plupart des pays, que la moitié des élèves français ont des résultats comparables aux soit disant meilleurs système éducatifs qui font mieux réussir les élèves mais ces tests révèlent une plus forte inégalité de réussite due à l’origine sociale en France.
Imposer des compétences, en faire la base de notre système éducatif s’inscrit dans une vision utilitariste de l’école, une vision instrumentaliste de l’école au service de l’économie (et de citer par exemple des conclusions de l’Organisation du Commerce et du Développement Economique :
« Un enseignement qui doit mieux répondre au marché du travail, l’objectif central de la réforme des systèmes éducatifs est de faire de l’Europe une puissance économie compétitive. »
L’essor des TICE en primaire, au collège, au lycée peut avoir un intérêt pédagogique mais c’est souvent avant tout un intérêt économique : habituer/inciter les enfants, les familles à utiliser/consommer ces TICE.
Les compétences c’est pour les « non qualifiés », la possibilité de faire son boulot avec un minimum commun à tous : que le manutentionnaire soit capable de poser son colis au bon endroit et être capable de lire une étiquette en anglais. Les compétences transversales sont une vue de l’esprit : résoudre un problème en maths, cela se comprend, idem pour résoudre un problème en chimie… mais la compétence « résoudre un problème » n’a pas de sens…
Un citoyen critique dans une école qui vise à l’émancipation doit se fonder d’abord sur les savoirs.
Les études montrent que si le besoin en emplois qualifiés augmente, la création d’emplois peu qualifiés ou en tout cas dont la qualification n’est pas reconnue, mal organisée ou pas prise en compte augmente également : exemple dans le secteur des services aux personnes…
Intervention de N. Mons (présidente du Conseil National d’Evaluation du Système Scolaire.
Les politiques éducatives qui donnent des résultats sont celles qui s’inscrivent dans un temps long et pas soumises aux réformes successives sans en attendre les effets et pouvoir en faire des bilans. En Suède, la privatisation de l’éducation s’est traduite très vite par une baisse dans le classement PISA et une augmentation des inégalités de réussite scolaire. Les recherches montrent que le collège unique – même avec ses imperfections- contribue mieux à la réussite scolaire que le collège à filières.
La réussite dans le système éducatif selon les Français, sondage Harris Interactive commandé par la FSU (nov 2016).
Les sondés dénoncent une baisse du niveau, le manque de moyens et de motivation des enseignants, le système éducatif inégalitaire, inadapté.
3/4 estiment que le système fonctionne mal, 2/3 qu’il s’est dégradé récemment, 2/3 que les enseignants sont mal formés.
Pour réussir, les Français veulent : l’autorité et la discipline sont les valeurs les plus plébiscitées, réussir pour eux c’est d’abord suivre l’orientation scolaire et professionnelle souhaitée puis trouver un emploi. Résultats du sondage consultable sur le site Harris et sur site FSU
Intervention de JP Delahaye (Inspecteur Générale de l’Education Nationale DGESCO) :
Pourquoi refonder l’école ? Pour corriger les inégalités du système éducatif.
Pour qui ? Faire réussir les plus pauvres, ceux dont les destins scolaires sont liés à leur origine sociale. Notre système fonctionne bien pour environ 1/2 des élèves (ceux issus des CSP +)
Doit s’améliorer pour le 1/2 issus des CSP -. Le poids de l’origine sociale est d’autant plus grave que la pauvreté croît. En France, la pauvreté touche 8,5 millions de personnes dont 3 millions d’enfants. Le nombre d’allocataires aux bourses est en baisse, montant de la bourse un peu plus de 300 €, soit 2 € par jour d’école.
Disparition du financement de l’accompagnement éducatif sauf en REP, baisse des fonds sociaux.
Alors que dans le même temps (même si c’est une bonne chose) augmentation des fonds pour les CPGE et des exonérations fiscales (= 300 millions €) pour les cours particuliers.
JP Delahaye estime que l’on sait comment le faire : par des actions sociales ( bourses,….) par accepter l’idée que le système scolaire soit plus inclusif sans baisser les exigences, augmenter les moyens à l’Ecole Primaire ( la France y consacre le moins des pays européens), mieux accompagner les élèves en augmentant les budgets pour l’accompagnement éducatif, faire confiance aux équipes pédagogiques, différencier les conditions de travail, reconstruire une formation, former aux relations avec les parents,… Un levier : alliance éducative entre l’Ecole, les Parents, et les partenaires….Mais il y a beaucoup de résistance selon lui, de classes…
Présentation de la formation en ESPE.
Témoignages de divers professionnels.
D’abord il est évident positif d’avoir rétabli une formation pour les nouvelles- aux recruté-e-s
mais les formations sont trop variables d’une académie à l’autre, en règle générale les visites de formateurs rares…Les stagiaires, de par les injonctions, inspections sont trop préoccupés par la gestion de classe, alors que la priorité devrait être la situation d’apprentissage. Une situation d’apprentissage maitrisée, pertinente nécessite moins de faire de gestion de classe car les élèves sont « occupés »…
Intervention de Stéphane Bonnéry, enseignant
Les réformes actuelles visent à préserver l’accès aux diplômes à une classe favorisée et maintenir les enfants des milieux modestes à leur niveau. Il alerte sur la tentation de rabaisser les exigences pour les élèves en difficulté. Il invite à un effort pédagogique
Construire des compétences c’est d’abord maitriser des savoirs.
Les EPI, sont des miroirs aux alouettes sous prétexte d’être plus motivant…L’interdisciplinarité c’est comprendre chaque discipline, la maitriser et pouvoir alors les confronter entre elles.
Les cycles (cycle 3 par exemple) : passer de l’école primaire au collège c’est grandir. Imposer des cycles, des compétences qui font disparaitre ces « étapes » de la scolarité c’est contreproductif.
Sylvain Lecomte, snes –fsu