Déclaration liminaire de la FSU 74

CDEN mardi 27 juin 2023

Depuis janvier, l’intersyndicale 74 a apporté la preuve de sa capacité à mobiliser très fortement et durablement. Aujourd’hui, nul ne peut nier que le report de l’âge légal de la retraite, réforme brutale et injuste, est largement refusé par les salarié·es, par l’opinion publique et même à l’Assemblée nationale. Le gouvernement a choisi d’ignorer toutes les propositions de sortie de crise qui lui ont été offertes. Mais la FSU poursuivra son travail de conviction auprès des personnels pour faire comprendre que la retraite à 60 ans à taux plein pour toutes et tous est possible et désirable, et va dans le sens de l’histoire. La question du lien entre les salaires et les pensions doit être au cœur de nos revendications à l’heure où le ministre de la Fonction publique n’annonce qu’une augmentation du point d’indice de 1,5 % et des primes pour compenser une inflation qui est de plus de 6 % sur un an.

Depuis des mois, la FSU organise l’action, à tous les niveaux, contre le pacte et pour une « réelle revalorisation sans contreparties ». Le pacte fait donc l’unanimité contre lui et, à l’instar de ce que fait le gouvernement pour imposer sa réforme des retraites rejetées par l’écrasante majorité de la population, notre ministère choisit lui aussi le passage en force en refusant de soumettre au vote le projet de décret portant création d’une part fonctionnelle de l’ISOE et de l’ISAE. Le pacte va, pourtant, venir percuter directement le fonctionnement et l’organisation des services.

Le pacte n’est pas une revalorisation. Il est surtout synonyme de « travailler plus pour s’épuiser plus ». Il est aussi, et surtout, une forme de service d’astreinte qui nous fait perdre notre liberté professionnelle en donnant un chèque en blanc aux chef·fes d’établissement. En cas de signature, elles et ils auront en effet complètement la main sur notre quotidien professionnel.  L’impact sera aussi important dans la capacité d’organisation du travail d’équipe dans les écoles primaires. Le pacte fait glisser nos professions vers une logique de contractualisation de nos missions. Pour préserver nos statuts, améliorer ceux des collègues les plus précaires, obtenir une véritable revalorisation inconditionnelle pour toutes et tous, la FSU appelle les personnels à refuser le Pacte.

La FSU dénonce également la non-revalorisation de l’ensemble des personnels de l’éducation nationale et réaffirme que l’augmentation de la valeur du point d’indice annoncée est nettement insuffisante au regard ne serait-ce que de l’inflation subie.

Le 13 juin dernier a eu lieu une journée de mobilisation des AESH, très majoritairement des femmes qui revendiquent une meilleure reconnaissance salariale de leur métier, un véritable statut de la Fonction publique, une hausse de leurs salaires mais aussi de meilleures conditions de travail. Les annonces faites lors de la dernière Conférence nationale sur le Handicap pointent des changements de fond et notamment l’idée du remplacement de « l’école inclusive » par « l’école pour tous », avec une vraie volonté de la majorité des associations d’une désinstitutionalisation du handicap. Les pouvoirs publics y voient une solution pour baisser les coûts (fermeture des IME et ITEP, réduction des notifications de besoins, …) en transférant les charges vers les collectivités territoriales. La FSU s’oppose à la création des ARE qui dénature les métiers, confond les missions et enterre les espoirs des AESH d’obtenir un statut de fonctionnaire de catégorie B.

Les opérations de carte scolaire du premier degré montrent clairement que l’Education n’est pas une priorité budgétaire du gouvernement. Les seuils d’ouverture et de fermetures de classes sont à la hausse. Il faut dorénavant plus de 27 élèves par classes (plus de 25 en secteur particulier et REP) pour assurer une ouverture de classe, et le respect de l’objectif de 24 élèves par classe maximum en cycle 2 est parti aux oubliettes. Il ne reste que 5 postes pour assurer les ouvertures de rentrée, traditionnellement nombreuses dans notre département. Aucun poste de remplaçant créé alors que nous avons connu jusqu’à 150 classes non remplacées dans une journée cette année. Nous avions compris que des formations pertinentes seraient proposées à tous les personnels pour les aider dans la gestion des élèves éruptifs, mais, au final, ces formations apparaissent en tout petit et uniquement pour les collègues qui ne se verront pas imposer une formation en maths ou français. Constituent-elles donc une priorité ?

Par ailleurs, nous avons appris que, cette année encore, des lauréats du concours des professeurs des écoles, chargés de famille en Haute-Savoie, se voient nommés dans d’autres départements de l’académie. Cette situation est ubuesque quand on sait que la Haute-Savoie manque d’enseignants et que de nombreux professeurs des écoles y sont nommés et doivent y rester contre leur volonté. Selon le rectorat, ce serait l’INSPE qui n’aurait pas assez prévu de places de formation à Annecy. Que comptez-vous faire face à ce problème ?

 

En collège, la logique néo-libérale est en marche. Après avoir rayé de la carte la technologie, discipline essentielle de la culture commune en classe de sixième en chargeant la mule le premier degré, c’est une découverte des métiers en cycle 4 qui est imposée : porte ouverte au tri social précoce, prétexte à laisser entrer dans les établissements une multiplicité d’intervenant·es issu·es notamment d’entreprises… Les deux objectifs sont clairement annoncés « développer la connaissance des métiers et les compétences à s’orienter » sans PSY EN bien sûr, mais en introduisant une hiérarchie intermédiaire puisqu’il y aurait un coordonnateur qui aurait signé le Pacte. À cela s’ajoutent les tensions liées à la nouvelle classe de sixième et au Pacte lui-même. Comment assurer Devoirs faits désormais obligatoires pour tous les élèves de sixième ? Comment assurer l’heure de soutien-approfondissement en mathématiques et français en 6ème dans des conditions correctes sans complexifier les emplois du temps ou simplement respecter une journée de 6h pour les 6èmes ?

La FSU s’oppose à cette mise en œuvre dont les premières victimes seront les élèves.

 

En lycée, la FSU alerte depuis la mise en place de la réforme Blanquer sur la désorganisation de la fin de l’année scolaire avec des épreuves de spécialité en mars et le contrôle continu. Le lycée a cette année subi pour la première fois les épreuves de spécialité du bac en mars. Les conséquences néfastes de ce calendrier sont malheureusement nombreuses : désorganisation des établissements, démotivation et absentéisme des élèves dès le mois d’avril en terminale mais aussi sur les autres niveaux, établissements supérieurs qui ne prennent pas en compte les notes des épreuves terminales…

La FSU continue à exiger le retour des épreuves terminales et nationales au mois de juin, seul garant de la qualité des enseignements de terminale. De plus, elle exige le retrait de l’épreuve du Grand oral qui cristallise à lui seul toutes les inégalités engendrées par la réforme Blanquer : tri social, iniquité, concurrence entre les disciplines et les établissements, perte de sens de nos missions et des apprentissages, évaluation sans cadrage national… Enfin, Parcoursup doit être supprimé notamment parce qu’il met en œuvre une politique d’initié·es en termes d’orientation, exclut un nombre important d’élèves de l’enseignement public supérieur, au détriment de leurs études ou au bénéfice de l’enseignement privé.

La FSU continue de revendiquer la suppression pure et simple du SNU qui constitue une attaque en règle contre les principes d’un système éducatif qui doit viser l’émancipation par les savoirs.

 

La FSU rappelle son soutien sans faille au SNUEP-FSU et aux personnels des LP dans la lutte contre la réforme de la voie professionnelle. Cette réforme articulée autour d’une vision adéquationniste aboutit au fait d’utiliser les élèves les plus en difficulté scolairement à « boucher les trous » des secteurs d’emploi les plus en tension. Ce qui nie la possibilité de choix personnalisé d’orientation pour les élèves, les contraignant à suivre des filières et des contenus déterminés localement par bassins de formation par les entrepreneurs, les empêchant de postuler loin de leur région d’origine. La FSU condamne la brutalité des annonces de fermeture de certaines filières, le mépris avec lequel sont traités les personnels et les élèves. Ces décisions nient les spécificités de nos métiers en nous présentant comme interchangeables en même temps qu’elles accroissent les inégalités filles-garçons. De plus, à nouveau, les choix du président se réalise par des effets d’annonce sur une priorité mise sur l’enseignement des fondamentaux (français et mathématiques) alors que depuis 2009, les réformes se succèdent en diminuant les heures spécifiques à ces disciplines, en rendant difficile l’accès culturel aux élèves du LP, en limitant leurs possibilités de développer un esprit critique et citoyen. La décision d’anticiper les épreuves de terminale bac pro nous fait nous interroger sur la volonté de réduire encore plus les contenus d’enseignement (enseignement général et enseignement professionnel) et d’accentuer la différenciation sociale pour répondre aux besoins immédiats de main-d’œuvre dans les entreprises locales.

 

Le SNEP- FSU s’interroge concernant la question des financements des différents savoirs (nager rouler skier) qui ont été intégré au financement global de l’établissement à 50€/élèves . Les lignes spécifiques de financement ayant été coupées, les tensions apparaissent dans les établissements et des choix cruciaux  sont à faire  entre disciplines sur les divers projets Siel . Entre le manque de financement dû à cette globalisation, le choix des différents collèges de supprimer le savoir skier au regard du coût, l’iniquité entre établissement  pour accéder à la piscine, quelle est alors la volonté  du conseil départemental au travers de cette nouvelle politique de financement ?

Depuis plusieurs années, différents organismes alertent les pouvoirs et l’opinion publique sur l’augmentation de la sédentarité chez les jeunes de notre pays.   Les JOP mettent au cœur de la vie publique la culture sportive.  Le ministère de l’éducation reconnaît la situation sociale et sanitaire dégradée de notre jeunesse et fait la proposition de 2 h de sport en plus (de l’EPS). Or, ce dispositif mis en place, d’abord de manière expérimentale puis sans qu’aucune étude ne soit faite, est élargi à partir de la rentrée 2023. Premièrement, il ne concerne que quelques élèves volontaires, ce qui risque d’intéresser d’abord celles et ceux qui pratiquent déjà. Puis, n’étant pas obligatoire, les plus éloigné-e-s de la pratique physique resteront en dehors. Les structures sportives support sont très inégalitaires et enfin, la mise en œuvre va impacter l’EPS car des créneaux sur les équipements sportifs seront enlevés à l’enseignement obligatoire et ou de l’Association Sportive pour ce dispositif péri scolaire.

Au contraire, le SNEP-FSU pense que le ministère doit prendre une mesure s’adressant à toutes et à tous qui se traduit par une augmentation des horaires EPS à 4h pour tous les niveaux comme c’est le cas en 6°.

 

La FSU tient à vous alerter solennellement : tout montre que l’Education nationale est dans une crise structurelle durable. Les premiers chiffres des concours de recrutement dans le 1er comme dans le 2d degré confirment que le choc d’attractivité n’a pas eu lieu. Mais qui pouvait vraiment croire qu’une augmentation en moyenne inférieure à l’inflation, qu’un tassement de la carrière et qu’un pacte hors sol et irresponsable allaient constituer des réponses satisfaisantes ? la FSU exige des mesures urgentes de rattrapages des pertes de pouvoir d’achat et une loi de programmation pluriannuelle pour aboutir à une réelle revalorisation sans contreparties. Des mesures immédiates de reconstruction des grilles doivent aussi être envisagées pour tous les personnels de l’éducation nationale. La FSU exige l’abandon du pacte et le transfert immédiat des sommes prévues sur la partie socle.

 

Enfin, l’actualité récente dans notre département a de quoi inquiéter. Nous avons vu des militants fascistes défiler en mai et juin dans les rues d’Annecy, n’hésitant pas à faire tous les amalgames possibles avant et après le drame du 8 juin. Ils se sont aussi permis d’agresser sur les réseaux sociaux et de menacer nos élus, représentants des collectivités territoriales, ou encore la Ligue des Droits de l’Homme. Si la FSU 74 témoigne de son soutien aux enfants, adultes et familles des victimes de l’agression du Pâquier, elle tient aussi à faire savoir qu’elle est totalement solidaire des cibles des forces fascistes, que ce soit des associations ou des représentants du peuple. Nous avons l’intime conviction que l’Education Nationale a un rôle à jouer, dans le cadre de ses compétences et la promotion des valeurs de la République, pour endiguer la montée du fascisme en France, pour peu qu’on lui en donne les moyens. Il n’y aura pas de République sans une éducation ambitieuse de nos futurs citoyens.